2009 – BUREAU
Maison du parc
Site : La Plaine des Palmistes
Programme :
Construction du siège du Parc national de la Réunion
Montant Des Travaux : 4 265 126,80 € HT
Surface : 1751 m²
Mission : Complète
Date Livraison 2014
Maître D’ouvrage : Parc national de la Réunion
Maître D’oeuvre :
APA mandataire, 2APMR, GECP, Bois de Bout, INSET, CREATEUR, LEU Réunion, CPS
Chef De Projet
Cédric Delahaye
La maison du parc se doit d’être une illustration des missions du parc, un outil comme le dit le programme, qui puisse exprimer l’originalité de ces missions… la maison du parc ne peut être conçue comme un enfermement, un nouveau théâtre du pouvoir administratif, une « réitération » pour employer le langage des écologues d’une forme assise et historique comme celle que constitue la maison des tourelles.
Dans un village des hauts, marqué par la modestie savante de son héritage bâti dans une matrice végétale, certes aujourd’hui dégradée et soumise à l’insatiable appétit des espèces envahissantes (auxquelles espèces nous pourrions aisément rajouter le béton, l’enrobé et les clôtures….), la maison du parc s’immisce en un mouvement libre laissant passer, vivre et se développer la matrice végétale originelle reconstituée….
Ici, le sol est sacré, épiderme magique et essentiel à la biodiversité originelle, gestionnaire des impacts hydrologiques, déjà blessé par l’artifice humain, il est alors le plus préservé possible, afin de satisfaire ses missions essentielles : son rôle global d’épiderme terrestre, interface entre lithosphère et atmosphère. Cela posé, le site est alors constructible.
Pointant son orientation vers l’horloge climatique des pluies que signale la cascade Biberon, la Maison du Parc se concentre dans son site, celui que les écologues lui attribuent, et se déploie en bras ou troncs paysagers, en ouvrant le panorama vers les remparts, et privilégiant le plus proche pour en exalter la force.
Le long de cet axe de visée vers la colonne d’eau changeante de Cascade Biberon s’opère une simple ligne de partition avec vers l’Est les espaces des personnels et vers l’Ouest l’espace ouvert et panoramique de l’accueil. Celui-ci, effleurant la crête végétale renforcée et revitalisée par le projet, se déploie vers le grand paysage en se protégeant des vues de la « rue ». La mise en scène théâtrale du paysage valorisé est ainsi magnifiée.
Les lieux de travail des équipes s’allongent en trois branches, cherchant chacune sa position à la lumière, à la manière des espèces sciaphiles orientant leurs feuilles pour se saisir des minces luminosités offertes par le milieu. Ces lieux de travail, de création, de partage et de concertation, bénéficient d’un large espace central récréatif calme, ouvert vers le paysage du rempart Est de la Plaine. Sur la rue nationale, leurs pignons émergent comme signaux énigmatiques noyés dans le foisonnement végétal reconstitué…
Entre ces deux mouvements d’ouverture, se glisse une rampe menant à l’observatoire du paysage suspendu au dessus du territoire. La dynamique de la composition est une invitation au voyage…
Dans cette immersion dans le milieu, se joue la valeur environnementale du projet.
Si, ponctuellement, la pierre naturelle vient se faire parement en extérieur pour se faire habiter par les lichens primitifs et mousses ou autres fougères, le bois et ses structures sèches est l’invité du projet environnemental, le béton étant restreint au strict minimal des fondations réduites au plus fin. Point de chantier sale et traumatisant pour le site, puisque le VRD se fait paysage et le bâtiment jeu de mécano sec stockant le C02….Les matières du projet architectural se fondent en nature : bois brut des bardeaux de tamarin, basalte à lichen, zinc de teinte variable, verre transparent…en laissant les couleurs intérieures des locaux de travail résonner librement.
Le projet bioclimatique, outre un système trombe strictement limité et un tampon climatique au Nord, ne propose en système actif que des poêles de masse ludiques pour l’hiver des espaces d’accueil et du personnel ; les artifices sont générés par l’enveloppe bâtie qui constitue elle-même la « machine climatique à confort ». Mais, au-delà du confort « physique », la maison du parc est conçue comme un support invitant au travail créatif et impliqué ; être bien, co-exister avec son milieu, sa part anthropique, c’est le point de départ pour que le parc puisse exalter ses missions et inviter chacun au respect de la biodiversité réunionnaise.